EVANEOS : une étude sur le surtourisme pour inspirer actions et réflexions du secteur.

21 novembre 2024

EVANEOS, une étude nourrit les actions et la communication de l’entreprise et les réflexions de tout un secteur.

 

 

Evaneos est une scale-up française de la traveltech. Depuis 15 ans, son modèle unique met en relation les voyageurs avec des agences de voyage locales. Les avantages sont multiples, d’une part pour les touristes dont les séjours sont plus authentiques, organisés par des agences proches de leurs destinations et des groupes sociaux locaux. D’autre part, ce modèle permet une meilleure distribution de la valeur dont au moins 85% revient aux agences locales.

 

En tant qu’acteur majeur du secteur, Evaneos constate les effets du surtourisme dont les médias se font régulièrement écho. La société a donc réalisé une étude en collaboration avec Roland Berger afin de mieux définir et cerner le surtourisme pour mieux le comprendre et identifier des pistes de solution. Travaillant depuis un an avec Rumeur Publique, Evaneos a communiqué autour de cette étude pour renforcer sa notoriété et partager les résultats avec les acteurs du secteur du tourisme.

 

Marion Phillips est Head of Sustainability chez Evaneos et répond aux questions de PRISMES.

 

PRISMES : On parle beaucoup de surtourisme avec parfois des images choquantes, mais comment définir cette notion ?

 

Marion Phillips : Nous avons repris la définition donnée par la World Tourism Organization des Nations Unies. Le surtourisme c’est : « l’impact du tourisme sur une destination, ou des parties de celle-ci, qui influence de manière excessive et négative la perception de la qualité de vie des citoyens et/ou de la qualité des expériences vécues par les visiteurs. » L’intérêt de cette définition est d’être très ouverte car la perception du surtourisme sera très différente d’un contexte à l’autre, d’un lieu à un autre.

 

PRISMES : Pourquoi avoir réalisé cette étude ?

 

Marion Phillips : Le problème du surtourisme se pose dans de plus en plus de lieux avec des concentrations de flux de visiteurs dans des espaces restreints. Nous avons donc voulu d’abord mesurer la situation dans les destinations sur lesquelles nous opérons et pour cela aller au-delà des perceptions, « démoyenniser » le surtourisme, mesurer objectivement le phénomène et proposer des solutions.

 

Cela nous a amené à définir un assez grand nombre de critères, avec l’aide de Roland Berger, à partir de l’analyse des destinations les plus courues afin de définir un modèle permettant la comparaison objective entre différents lieux à partir des données disponibles.

 

Nos objectifs étaient d’une part de nourrir notre compréhension du surtourisme pour faire évoluer nos pratiques avec les agences locales et d’autre part de communiquer et publier l’étude pour que tout le secteur puisse en bénéficier.

 

PRISMES : À quelles conclusions vous a amené cette étude ?

 

Marion Phillips : D’abord nous ne voulions pas d’un classement des destinations qui aurait pointé du doigt des lieux souffrant du surtourisme tout en faisant la promotion d’autres. L’étude a défini des groupes de destinations avec des situations, des approches et des solutions potentielles différentes. Il n’y a donc pas un surtourisme unique et homogène mais des surtourismes.

 

Le premier de ces groupes est constitué des stations balnéaires. C’est le groupe le plus exposé et qui nécessite souvent des mesures urgentes voire contraignantes pendant une saison touristique forcément contrainte. C’est par exemple le cas de nombreuses destinations en Grèce ou en Croatie, deux pays qui dépendent fortement du tourisme.

 

Deuxième groupe : les grandes destinations européennes avec une sur-fréquentation estivale (France, Espagne, Italie, Portugal par exemple). On y constate de fortes concentrations touristiques saisonnières en particulier en été. La dépendance économique de ces pays au tourisme est moins forte que dans le premier groupe.

 

Troisième groupe : les surconcentrations urbaines essentiellement en Europe où les touristes se concentrent sur la capitale ou quelques grandes villes. C’est par exemple Amsterdam ou Copenhague, des villes peu dépendantes économiquement du tourisme.

 

Enfin le dernier cluster regroupe des destinations à surveiller. On y constate peu d’alertes au surtourisme mais il faut rester vigilant pour éviter les dérives car le risque est omniprésent même avec une densité touristique moyenne, une faible concentration saisonnière et une moindre dépendance économique.

 

PRISMES : Avez-vous modifié vos approches à la suite de cette étude ?

 

Marion Phillips :  Nous avons lancé un certain nombre d’actions concrètes. Par exemple, nous avons pris des décisions importantes en ce qui concerne la Grèce et en particulier Mykonos et Santorin, deux destinations qui sont ressorties assez haut dans notre index. Nous avons travaillé avec les agences locales. Tout d’abord, nous avons cessé de promouvoir ces deux îles en été et surtout, nous proposons des circuits et destinations alternatifs dans le Péloponnèse, dans le nord de la Grèce ainsi que des itinéraires hors saison, hors des grandes chaleurs de l’été.

 

C’est d’ailleurs plus généralement toute notre stratégie de diversification de l’offre construite avec les agences locales : itinéraires hors saison, hors des sentiers battus, alternatifs que nous mettons en avant dans notre communication.

 

Évidemment, ces réflexions sont non seulement menées avec les agences locales mais aussi avec les autorités (offices de tourisme etc.) afin de coordonner nos offres avec leur stratégie de développement touristique. C’est ainsi par exemple que nous avons ouvert de nombreuses nouvelles destinations en Grande-Bretagne, au Pays de Galles, en Angleterre ou encore en Écosse.

 

PRISMES : Dans quels buts avez-vous rendu publiques les résultats de votre étude ?

 

 Marion Phillips : L’étude est un excellent vecteur de communication pour Evaneos. Elle incarne notre positionnement. Mais au-delà, nous avons voulu partager ces analyses avec l’ensemble du secteur du tourisme. Seuls, notre impact est limité, il faut que l’ensemble des acteurs prennent conscience et comprennent les enjeux du surtourisme pour trouver différentes solutions selon les situations locales. Notre objectif est de faire réfléchir et bouger l’industrie du tourisme qui a très bien reçu notre étude.