Paradoxe de Jevons : bienvenue en Absurdie.  

William Stanley Jevons est un économiste britannique du XIX^e siècle (1835 – 1882). Il est le cofondateur de l’école néoclassique et de la révolution marginaliste. Mais il est surtout resté dans l’histoire pour sa formulation en 1865 (à 30 ans) du paradoxe qui porte son nom : le paradoxe de Jevons ou l’effet rebond.

Le paradoxe de Jevons énonce qu’à mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource est employée, la consommation totale de cette ressource peut augmenter au lieu de diminuer. En particulier, ce paradoxe implique que l’introduction de technologies plus efficaces en matière d’énergie peut aboutir à augmenter la consommation totale d’énergie. Il s’agit du cas le plus extrême de l’effet rebond.

En d’autres termes, moins les automobiles consomment d’essence et plus il y a d’automobiles sur les routes et plus les trajets s’allongent. Donc une innovation technique qui permet de diminuer la consommation d’énergie aboutit à une augmentation de la consommation d’énergie. Paradoxal non ?

En réalité, on parle de paradoxe de Jevons uniquement quand l’effet rebond provoque une augmentation supérieure à 100% du gain d’efficacité (c’est-à-dire une réelle augmentation de la consommation).

Ce bon M. Jevons s’est fait voler son paradoxe au XXe siècle par deux économistes américains (Brookes et Khazzoom) qui, après le choc pétrolier de 1973, notent qu’en dépit des améliorations de l’efficacité énergétique des machines, la consommation globale d’énergie n’a pas diminué. Le paradoxe de Jevons est devenu le postulat de Khazzoom-Brookes.

Si l’on ramène ce paradoxe à un niveau individuel, on peut le décrire ainsi : j’ai troqué ma Porsche 911 Turbo contre un Cybertruck Tesla et diminué ainsi mon empreinte carbone… j’ai donc le droit d’aller à Tahiti en avion !

Autre exemple, j’ai couru 5 km ce matin… j’ai donc droit à un cassoulet royal.

Bienvenue en absurdie.

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