#Newsletter Prismes
Désinformation, une étude révèle ce que disent les médias français sur le climat.

La désinformation serait le mal du siècle. Au-delà d’un constat général, il est important aujourd’hui de mesurer la réalité de ce fléau sur un périmètre donné (les programmes d’informations de 18 chaines de télévision et de radio françaises[1]), sur une période donnée (le premier trimestre 2025) et sur un panel de sujets donné (la désinformation climatique). L’étude a été menée par un collectif d’ONGs (Data For Good, QuotaClimat, Science Feed- back) et réalisée conjointement et sur la base des données traitées par l’Observatoire des Médias sur l’Écologie. Les résultats sont sans appel : 10 cas de désinformation avérés par semaine !
Les résultats de l’étude sont obtenus grâce aux outils de détection automatisée développés par les auteurs. Extraits par IA, les résultats sont validés manuellement. Les résultats définitifs seront disponibles en fin d’année 2025. En attendant, les résultats intermédiaires sont riches d’enseignements.
1 – En trois mois, 128 cas de désinformation climatique ont été détectés. Clairement, la désinformation n’est pas cantonnée aux réseaux sociaux, les médias traditionnels auxquels les téléspectateurs et auditeurs font confiance y sont exposés. La frontière entre faits et opinion est de plus en plus floue.
2 – Les cas de désinformation sont particulièrement concentrés pendant les grands moments politiques et géopolitiques (investiture de Donald Trump, lancement de la consultation publique sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie, sortie du Plan national d’adaptation au changement climatique) sous la poussée de stratégies de communication de groupes ou partis anti-démocratiques.
3 – La contagion est générale mais quelques bastions résistent alors que quelques médias privés concentrent une grande partie des problèmes.
4 – Énergie, énergies renouvelables, véhicules électriques sont les sujets les plus exposés à la désinformation.
5 – Les auteurs de l’étude appellent à un sursaut de la part des médias et de l’ARCOM (Autorité de Régulation).
6 – Si l’on dépasse la désinformation pour prendre en compte le discours de l’inaction et de décrédibilisation des solutions de transition énergétique, ce ne sont plus 128 cas mais 373 qui sont détectés en un seul trimestre.
Quelques chiffres :
- 61% des narratifs identifiés relèvent du discrédit porté sur les solutions à la crise climatique.
- 24% des narratifs relèvent du discrédit porté sur les messagers de la transition, notamment par des stratégies de dénigrement des scientifiques du climat ou des défenseurs de l’environnement.
- 13% des narratifs relèvent du déni / de la minimisation du consensus scientifique soit par le déni de l’existence d’un changement climatique (5%), de l’origine anthropique du changement climatique (3 %), de la minimisation de l’impact.
Le constat est particulièrement inquiétant alors que le consensus scientifique est clair sur la nécessité de décarboner notre mix énergétique d’une part et d’électrifier notre parc automobile d’autre part.
Alors que faire ?
Pour les médias :
- Amplifier la couverture médiatique des sujets environnementaux.
- Poursuivre la formation des journalistes aux sujets environnementaux.
- Adapter des pratiques de fact-checking à l’instantanéité des interviews.
Pour le régulateur :
- Instruire les saisines en matière de désinformation climatique avec rapidité et proportionnalité.
Pour le législateur :
- Inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale la proposition de loi déposée par 80 députés issus de 8 groupes politiques qui propose de veiller à ce que la programmation reflète l’état des connaissances scientifiques concernant les enjeux environnementaux.
Pour les annonceurs :
- Les auteurs de l’étude proposent aux annonceurs de sensibiliser leurs partenaires médiatiques à cette menace, en exerçant un levier puissant : la manne financière dont ils disposent.
- Pour notre part, il nous semble tout aussi intéressant de collaborer avec les médias sur des prises de parole constructives, étayées et exemptes de désinformation.
Enfin et surtout pour la société civile :
- Rester exigeant face aux sources d’information consommée et interpeller les médias et journalistes à la source d’une information jugée fallacieuse.
- Vérifier une information lorsqu’elle suscite en nous une émotion forte.
- Diversifier ses sources d’information.
- Soutenir la presse indépendante.
[1] TF1, France 2, France 3 Ile de France, M6, France 24, France Info Télévision, CNews, LCI, BFM TV, Arte – France Info Radio, France Inter, France Culture, RFI, Europe 1, RMC, RTL, Sud Radio.
Cliquer sur l’image ci-dessous pour voir les résultats

Actualités
SITL : UN SALON PROFESSIONNEL QUI RE-DÉCOLLE !
Finance durable : l’Europe s’adapte mais ne doit pas y renoncer.
Paradoxe de Jevons : bienvenue en Absurdie.