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Pareto, le principe dont l’auteur n’est pas celui que l’on croit !

Tout le monde connait le fameux principe de Pareto selon lequel 20% des causes produiraient 80% des effets. Mais M. Pareto est-il vraiment à l’origine de cette loi statistique apparue 31 ans après sa disparition ?
Essayons de démêler le vrai du faux de cette belle légende.
On dit que ce bon Monsieur Pareto, économiste italien du XIXe siècle, aurait analysé les données fiscales de l’Angleterre, la Russie, la France, la Suisse, l’Italie et la Prusse pour constater que 20% des contribuables payent 80% des impôts.
Vilfredo Pareto est né le 15 juillet 1848 à Paris et mort en 1923 en Suisse. Fils d’un noble immigré italien et d’une descendante de vignerons Français, le petit Wilfried Fritz est diplômé de l’école polytechnique de Turin. Vilfredo manifeste son intérêt pour l’analyse de l’équilibre en économie et sociologie et devient, en 1874, membre fondateur de la Società Adamo Smith (société florentine d’économie politique).
Un esthète turbulent.
En 1889, après la mort de ses parents, Pareto change de style de vie : il quitte son travail et se marie à Alexandra Bakounine (sans lien de parenté avec l’anarchiste russe). Il écrit de nombreux articles polémiques contre le gouvernement, ce qui lui vaut des difficultés avec les autorités comme l’interruption d’une de ses conférences par la police ou le refus d’une autorisation d’enseigner l’économie politique.
L’origine du principe
Pareto s’est en effet intéressé de près à l’analyse des données fiscales de plusieurs pays européens. Bien que les niveaux d’inégalités soient variables selon les pays, il remarque partout un phénomène similaire : le pourcentage de la population dont la richesse est supérieure à une valeur x est toujours proportionnel à 1/xα, le coefficient α variant selon les pays, ce qui, vous en conviendrez à peu à voir avec la fameuse loi des 80/20 !
Le « principe de Pareto » n’apparaît qu’en 1954 (31 ans après la mort de son soi-disant auteur) sous la plume d’un qualiticien roumain/américain Joseph Juran (1904-2008) qui prête à Pareto la fameuse formule : 20% des causes génèrent 80% des effets.
Il a fallu attendre un demi mea culpa dans son article « The Non-Pareto Principle ; Mea Culpa » où il reconnait la supercherie tout en niant sa responsabilité en expliquant que cette loi des 80/20, dite loi de Pareto est utilisée par de nombreux auteurs, depuis de nombreuses années. Démonstration de l’efficacité d’un autre principe courant « on a toujours fait comme ça et on ne voit pas pourquoi on devrait changer ».
Dans tous les cas cette méthode lui paraît utile : « le principe de Pareto est la méthode générale permettant de trier un quelconque agrégat en deux parties : les problèmes vitaux et les problèmes plus secondaires — dans tous les cas, l’application du principe de Pareto permet d’identifier les propriétés des problèmes stratégiques et de les séparer des autres ».
Ça peut toujours servir.

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