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IA : où en sommes-nous ?

La question se pose. Où en sommes-nous entre promesses et réalités, expérimentations et mises en œuvre opérationnelles ?
Nous avons demandé son avis à ChatGPT : Quel est le futur de l’IA ?
« L’IA continuera à transformer la société, en rendant les processus plus efficaces et en ouvrant de nouvelles opportunités, tout en posant des défis éthiques et sociaux majeurs. » Bref, une réponse sans saveur ni pertinence.
Allons voir ce qu’en pense Benedict Evans, l’un des analystes les mieux informés. Après un long passage chez Andreessen Horowitz, l’un des plus importants fonds d’investissement de la Silicon Valley, le britannique Benedict Evans vole désormais de ses propres ailes et nous nourrit de ses « informed analysis » hebdomadaires et de sa synthèse annuelle.
Cher Benedict, où en sommes-nous en matière d’IA ?
Consultons les quelques 90 slides de présentation concoctés par Benedict Evans et commentés par l’auteur lors de la conférence Slush de novembre dernier.
L’IA est, indiscutablement, un grand sujet d’intérêt. Pratiquement 55% des Français ont entendu parler de ChatGPT et près d’un tiers l’ont utilisé… un peu (1% chaque jour et 25% une fois de temps en temps). Mais ce défaut d’utilisation ne doit pas masquer les investissements colossaux en matière d’IA. Se pose alors la question assez habituelle en matière de technologie : comment anticiper l’émergence d’une nouvelle plateforme ? A quelle vitesse ? Pour quels usages réels ? Comment en tirer parti ?
Benedict Evans pose la vraie question : le passage à l’échelle, à un niveau optimum d’utilisation de l’IA. Si la progression ralentissait par rapport à ce que l’on a vu ces derniers mois … l’IA ne serait qu’un logiciel de plus. Si le développement exponentiel des plateformes d’IA génératives se poursuit au même rythme et avec la même efficacité, ces modèles prendront-ils le pas sur l’ensemble de la technologie ?
La vraie question est donc le rythme de développement et donc d’investissement dans l’IA ? Est-il possible (souhaitable) de maintenir ce rythme ? N’a-t-il pas commencé à fléchir ? Tiendra-t-il ses promesses ?
Pour M. Evans, la course à l’IA est telle que les investisseurs préfèrent parier dessus plutôt que de risquer d’être à la traîne au moment où l’émergence des nouveaux LLM (Large Language Models) nécessite des investissements de plusieurs dizaines de milliards de dollars ce qui est un changement majeur de l’industrie du logiciel.
En effet, pendant longtemps, les développeurs de logiciels ont bénéficié des investissements en infrastructure des opérateurs téléphoniques qui mettaient les clients à portée de clics. Aujourd’hui les dépenses en capitaux (CAPEX) des sociétés de logiciels dépassent largement celles des Telcos. C’est alors qu’interviennent les financiers (banques, fonds d’investissement, VCs…) … au risque de créer une bulle financière dangereuse.
Point d’étape : l’IA a fait des démonstrations brillantes et engloutit des sommes considérables.
Question : A quoi sert l’IA ?
La réponse généralement admise est : « l’IA permet d’automatiser tout un tas de nouvelles actions. » Lesquelles ? C’est exactement la même question que se posait le monde au moment de l’arrivée des premiers PC : « A quoi ça sert ? A plein de trucs. Ok mais à quoi ? Ben, à plein de trucs. »
Mais au-delà, comment prédire, anticiper, envisager l’avenir de l’IA ? Aurait-il été possible en 1995 de prédire, avec précision, l’impact d’Internet sur le monde ?
Comme le Web en 1995, nous n’avons pas encore en 2024 des idées précises sur les usages que nous ferons de l’IA dans 10, 20 ou 30 ans même si certaines professions (programmeurs, marketing…) ont déjà trouvé comment mettre en œuvre différents outils. Nous devons cependant constater que 90% de la population n’a pas encore identifié le moindre bénéfice à l’utilisation de l’IA.
La conclusion de Benedict Evans est claire : l’IA est une technique mais pas encore un produit. L’IA a encore besoin d’être transformée en autant d’outils concrets et pratiques… et il faudra probablement beaucoup de temps pour y arriver. La bulle tiendra-t-elle d’ici là ? L’IA n’est-elle qu’une nouvelle forme de logiciel ? Pour quels usages :
- Nouvelles fonctions : « fais-moi une synthèse de mes mails »
- Nouveaux outils : « lis la jurisprudence et dis-moi quoi faire »
- IA universelle : « trouve-moi une nouvelle maison et optimise l’achat »
Difficile de conclure en l’état mais pour l’instant, Benedict Evans émet un avis informé : « L’IA, c’est ce qui ne fonctionne pas encore – quand elle fonctionnera, ce ne sera qu’un logiciel de plus. »
A voir, à suivre…

Graphique issu de la présentation : https://www.ben-evans.com/presentations/ slide 23
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